La liste des morts causés par le Candida auris, un champignon résistant aux médicaments existants s’agrandit encore. Les autorités sanitaires mondiales classent désormais ce germe comme une menace sanitaire publique et urgente et les scientifiques et médias tirent la sonnette d’alarme.
Le candida Auris est-il la prochaine menace sanitaire mondiale ? Dans un dossier spécial, le magazine New York Times met en lumière ce champignon résistant aux antibiotiques qui vient encore de faire un mort au Mount Sinai Hospital (Brooklyn, Etats-Unis). Si les journalistes américains tirent la sonnette d’alarme, c’est parce que le germe n’en n’est pas à sa première victime, loin de là. L’équivalent de la Haute autorité de santé américaine vient d’ailleurs de l’inscrire à la liste des germes considérés comme “menaces urgentes”. Au cours de ces cinq dernières années, le champignon a déjà fait fermer une partie d’un hôpital de Londres pendant 10 jours, un autre en Espagne où 372 personnes ont été infectées. Il se serait également répandu dans une unité néonatale au Vénézuela et dans d’autres établissements en Inde, Pakistan et en Afrique du Sud. Selon les auteurs de l’article du New York Times : “les gouvernements et les institutions n’osent pas communiquer dessus parce que ça risque d’effrayer les patients”.
Candida Auris : qu’est-ce que c’est ?Le candida Auris est un champignon (levures) de la famille des Candida (candidose). Les
candidoses peuvent se propager de deux façons : la première est une candidose qui ne touche que la peau dans les zones où la peau transpire le plus (aisselles, aine, espace entre les doigts….) et dans certaines muqueuses. Dans le deuxième cas, qui concerne le candida Auris, l’infection est systémique, c’est-à-dire qu’elle se développe dans tout l’organisme. “Les études préliminaires montrent qu’une longue durée d’hospitalisation, le port de cathéter veineux central (ou autre dispositif invasif), une chirurgie récente, ainsi qu’un traitement préalable par antibiotique ou antifongique pourraient être des facteurs de risque”, explique
un rapport de l’unité de gestion du Risque Infectieux au CHU de Saint-Etienne.Aucun médicament existant ne peut l’éliminer pour l’instantLes symptômes sont communs à d’autres maux : fièvre, courbatures et fatigue, mais ils peuvent s’avérer fatales pour les personnes qui sont déjà en mauvaise santé. “Les patients concernés sont souvent immunodéprimés, avec de lourdes comorbidités (diabète, insuffisance rénale, infection à VIH, cancers)”, explique le rapport du CHU de Saint-Etienne.Comment est-ce qu’on s’en débarrasse ? Tout le problème est là. Pour l’instant on ne sait pas. Le candida Auris s’inscrit dans la lignée des germes résistants aux antibiotiques et aux antifongiques déjà existants et témoigne une nouvelle fois de l’inquiétante recrudescence des infections pharmaco-résistantes.En France, aucun cas ne s’est encore déclaré, mais selon le réseau des Centre de Prévention des infections associée aux soins: “les cliniciens, biologistes et hygiénistes doivent être informés du risque car seules une investigation rapide et des mesures d’hygiène efficaces peuvent limiter sa diffusion. L’enjeu est d’autant plus important que, une fois un patient colonisé ou un environnement de soins contaminé, l’éradication de C. auris semble difficile.”